
Musique sacrée de la Renaissance
Deux programmes sont proposés: l'un autour de la Missa Pro Defunctis, du compositeur Roland de Lassus, et le second, autour de la Missa super Sancta Maria, composée par Jacobus Handl(Gallus)
MISSA PRO DEFUNCTIS
Marie, reine et mère : la puissance par la douceur.
Le cœur de ce concert est la missa super Sancta Maria, de Jacobus Handl dit Gallus, publiée en 1580.
Les motets qui viennent éclairer ce programme mettent en lumière la place singulière de Marie dans la tradition chrétienne.
1 – Salve Regina – Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525 – 1594)
« Tourne donc, ô notre Avocate, tes yeux miséricordieux vers nous. »
2 – Ego flos campi – Jacob Clemens non Papa (c1510 – 1556)
« Comme un lis au milieu des épines, telle est mon amie parmi les jeunes filles »
3 – Memorare (1ère partie) – Matthaeus Pipelare (1450 – 1515)
« Souviens-toi, mère du Christ, combien tu fus troublée quand la
parole de Siméon fit battre ton coeur alors que tu fuyais Hérode »
4 - Ave Maria – Giovanni Pierluigi da Palestrina
« Sainte Marie, Reine du Ciel, douce et pieuse, ô mère de Dieu »
5 – Benedictum (1ère partie) – Cipriano de Rore (1515 – 1565)
« Vers toi, Seigneur, je tourne mon visage, vers toi je tourne mes yeux [...]»
6 – Missa super sancta Maria – Jacobus Handl (Gallus) (1550 – 1591)
7 – Pater Noster – Jacobus Handl (Gallus)

Pour les chrétiens, Marie, mère de Jésus, est l’incarnation de la bonté, de l’amour et du don de soi.
Tout au long du Moyen-Âge, son culte n’a cessé de prendre de l’ampleur, venant contre-balancer la figure autoritaire du Père créateur, sans doute trop lointaine et abstraite.
À la Renaissance, la figure mariale est déjà ancrée comme celle de la médiation entre Jésus et les croyants. Au contraire des « héros » de l’histoire (Dieu le père et Jésus le fils), Marie la mère apparaît comme plus accessible, presque plus « normale ». Cet archétype de la femme-mère, vantant une forme de pureté par l’abnégation et l’oubli de soi au profit des autres est déjà une image projetée sur les femmes du XVIème siècle : celle de l’amour et de la douceur mais aussi de la vulnérabilité et de la faiblesse.
Pourtant, les textes bibliques proposent une autre couleur : celle de la puissance sans la brutalité. Marie est peinte tour à tour en reine, mère de miséricorde, vie et douceur (Salve Regina), douce et pieuse, élue parmi les élus (Ave Maria), résistante au glaive de la douleur ou retrouvant son enfant perdu par la seule force de ses pleurs (Memorare mater christi).
Théologiens et croyants lui attribueront longtemps le pouvoir le plus important : celui de la rédemption, à parts égales avec Jésus et Dieu. Mais toujours par l’amour et la compassion.
Ce programme expose ce caractère marial au miroir de la puissance brutale et arbitraire du Dieu de nos pères, à qui toute demande est assortie d’une soumission craintive : dans ta colère, tu fais miséricorde (Benedictum nomen tuum), ou bien ne nous soumets pas à la tentation (Pater noster).
Enfin, le suave Ego flos campi évoque la légende d’une vierge accusée à tort de fornication et ayant prié Dieu qu’il ouvre les yeux de ses accusateurs. Quand elle entra dans le brasier, les flammes s’éteignirent et les fagots se transformèrent en rosiers en fleurs, recouvrant ainsi toute la vallée, aux abords de Bethléem. Ce poème, comme l’ensemble du Cantique des Cantiques dont il est tiré, est traditionnellement considéré comme l’expression du lien entre les croyants et le royaume de leur Dieu, à l’image de Marie. Clemens Non Papa avait d’ailleurs composé cet Ego flos campi en l’honneur de Notre-Dame.
Thomas Georget

Ensemble Oyance
L'ensemble vocal Oyance explore la transition entre les périodes du Moyen-Age et
de la Renaissance.






